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Ou comment des liens entre des jésuites du Nord et du Sud de la Méditerranée, au sein du Groupe des Deux Rives, encourage la mission de chacun, les invitant à devenir des personnes-ponts sur la Méditerranée. Point de vue d’un jésuite de la rive sud, enraciné dans la mission de l’Eglise au Maghreb.
- L’appel d’Abraham
« Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t’indiquerai » (Gn 12,1). L’appel d’Abraham retentit encore aujourd’hui dans de nombreuses vies comme une invitation à quitter ses sécurités personnelles, mais aussi à aller rencontrer l’autre chez lui. Les raisons en sont multiples : la nécessité économique, politique ou familiale, l’appel à élargir l’espace de sa tente ou le champ de son expérience, le besoin de vérifier de visu ce que l’on a entendu dire, etc. Il y a aussi, presque toujours, le désir d’une vie meilleure, plus accomplie, choisie et non plus subie.
La manière de répondre à cet appel varie beaucoup selon les lieux et les temps, les possibilités et les personnalités. Certains se trouvent entraînés très jeunes par les projets de leurs parents. D’autres choisissent des études ou un métier qui les conduira à voyager. D’autres partent simplement à l’aventure ou saisissent une occasion lorsqu’elle se présente. A l’arrivée, la communauté étrangère d’un pays est multiple par les origines mais aussi les statuts. Cependant, que l’on soit diplomate ou aventurier, étudiant ou réfugié, travailleur expatrié ou migrant, volontaire de solidarité internationale ou salarié d’une organisation humanitaire, « sans-papier » ou en possession d’un visa, époux de ou épouse de, fils de ou fille de, la question demeure pour l’être humain de chercher et trouver le sens de sa vie.
Abraham quitte ainsi son pays pour mener une vie nomade avant de se stabiliser dans le pays de Canaan. Toutefois, c’est la mort de sa femme Sarah qui va le pousser à s’y établir vraiment, à Hébron, là où il achète un champ pour donner une sépulture à son épouse.
Aujourd’hui encore, ce sont souvent des circonstances extérieures qui arrêtent les voyageurs pour un temps ou pour une longue durée : une frontière infranchissable, un imprévu économique, la constitution d’une famille, le besoin de travailler, le désir de louer ou d’acquérir un logement… C’est le moment pour ceux qui sont dans l’illégalité de régulariser leur situation. Pour les autres, celui de demander la nationalité du pays où ils se sont établis. Pourtant, c’est seulement la génération suivante qui sera vraiment du lieu, à moins qu’elle ne choisisse de retourner au pays d’origine ou de migrer à son tour.
- Le besoin de compagnons de route : naissance du Groupe des Deux Rives
Un appel ou une vocation personnelle a besoin pour se concrétiser, pour s’incarner, de s’enraciner dans une terre et dans un réseau de relations. C’est ainsi qu’est né en décembre 2000 à Lyon le groupe des Deux rives, composé de jésuites en formation, principalement de France et d’Espagne, avec aussi un Belge et deux Mexicains, tous ayant vécu une expérience forte autour de la Méditerranée.
La première rencontre eut lieu en marge d’une Assemblée de la Province de France sur le thème de l’islam à laquelle tous étaient conviés. Deux journées de partage pour faire davantage connaissance entre des compagnons jésuites qui ne s’étaient pas encore tous rencontrés. La plupart s’étaient croisés dans le cadre des études en Europe, à Paris notamment, et les deux Mexicains venaient d’arriver en Algérie, répondant à un appel de la Région Maghreb relayé par le père général des jésuites.
Une année plus tard, c’est à Alicante en Espagne que le groupe se retrouve, pour une semaine cette fois. Il s’agit de poursuivre l’échange mais aussi de fonder officiellement le groupe en rédigeant une Charte. Le groupe est divers par les origines (6 provinces sont représentées pour 11 jésuites) et par les centres d’intérêts (religieux, sociaux, politiques et culturels). Mais ce qui rassemble ces compagnons c’est l’écoute d’appels qu’ils perçoivent comme convergents : des réalités diverses rencontrées en Europe et au Maghreb, l’appel de la Région jésuite du Maghreb pour un renouvellement de sa mission et l’appel de l’Europe à prendre en compte la présence grandissante de musulmans. Ces appels trouvent un écho dans les décrets 4 et 5 de la 34ème Congrégation générale (Notre mission et la culture et Notre mission et le dialogue interreligieux), mais aussi dans le principe intégrateur des missions jésuites, le service de la foi orienté vers la promotion de la justice.
Trois accents particuliers sont soulignés dans la charte du groupe. 1. Un choix géographique, celui de la Méditerranée Ouest (Europe du Sud et Maghreb). 2. L’objectif de ne pas seulement échanger des expériences mais de commencer à travailler ensemble pour pouvoir proposer à terme des configurations apostoliques interprovinciales. 3. Les liens à poursuivre avec d’autres groupes comme Jesuits Among Muslims et Jesuits in Islamic Studies, auxquels certains du groupe des Deux rives appartiennent ou participent déjà aux rencontres ; ils y représenteront désormais le groupe.
- Trouver sa place ou le temps du discernement
Le groupe des Deux rives va être d’abord un lieu d’échange et de discernement entre jésuites à la recherche de leur vocation ou orientation dans la Compagnie de Jésus. C’est ainsi que l’essentiel des partages du groupe portera sur une relecture de vie. Comment chacun des membres vit-il ses études (ce qu’il lit et ce qu’il écrit ou aimerait écrire), ses activités en dehors des études (au cours de l’année ou lors des vacances), sa vie communautaire, sa relation avec son provincial, son orientation dans la Compagnie (secteur apostolique et type de mission). C’est un lieu où chacun peut partager ses joies et ses difficultés, ses espérances et ses déceptions, dans un contexte où il se sent compris et soutenu.
L’autre élément important des travaux du groupe consiste à découvrir les réalités locales en lien avec les objectifs du groupe, et selon l’accent particulier du lieu et des personnes qui accueillent la rencontre annuelle : personnes marquantes ou groupes informels, institutions jésuites et autres, mosquées et salles de prière, lieux culturels significatifs, amis et collaborateurs des uns ou des autres… L’accent est tantôt mis sur des aspects sociaux et culturels, tantôt sur la rencontre interreligieuse, tantôt sur la formation des nouveaux chrétiens, tantôt sur la migration…
Un troisième aspect se vit aussi dans ces rencontres annuelles : le calendrier des activités des uns et des autres, l’été notamment, pour lesquelles une collaboration est possible sous diverses formes. Il y a l’activité régulière d’accueil de jeunes européens l’été en Algérie, pour laquelle chacun peut envoyer des participants. Il y a la formation des enseignants des institutions jésuites en Espagne, pour laquelle un regard de l’autre rive est précieux pour parler autrement de l’islam et des musulmans. D’autres rencontres plus ponctuelles sont aussi évoquées, notamment au sein de la Compagnie, et une fois ou l’autre un avis ou un texte sera demandé au groupe des Deux rives par les provinciaux d’Europe comme Six thèses sur l’islam écrit à Valence en 2005.
- Rester ensemble ou le goût de la fraternité
Les dix ans du groupe en décembre 2009 sont l’occasion de faire un bilan. La plupart des membres ont désormais reçu leur orientation dans la Compagnie. Beaucoup ont terminé leur formation, à part quelques plus jeunes qui ont rejoint le groupe. Plusieurs ont été envoyés sur la rive sud, en Algérie notamment, où ils se sont intégrés aux dispositifs existants. Le rêve d’allers-retours entre le nord et le sud de la Méditerranée s’est estompé. Une troisième rive est en train de s’ouvrir avec la Turquie où deux membres du groupe sont destinés. Les données de la situation ont beaucoup évolué.
Du côté des objectifs, le premier, échanger les expériences, est atteint et demeure ce qui fédère le groupe, qui est devenu au fil du temps un groupe d’amis. Le second objectif, discerner ensemble les actions à mener, demeure également mais il s’est modifié ou est devenu plus réaliste : le groupe est une aide pour le discernement des réalités de chacun, une aide aussi pour une vision d’ensemble, mais il n’opère pas un discernement commun des enjeux régionaux. Enfin, le troisième objectif, proposer des configurations apostoliques interprovinciales, semble hors de portée pour différentes raisons : 1. les membres sont insérés dans des missions et des dispositifs qui les prennent complètement et laissent peu de loisirs pour imaginer des configurations différentes ; 2. les réalités rencontrées dans les différents lieux sont suffisamment différentes pour qu’il ne soit pas aisé de les combiner ou de les associer dans un dispositif unique ou unifiant.
La question de terminer l’aventure du groupe se trouve donc posée, puisque les objectifs réalisables sont atteints et que l’objectif non réalisé semble hors de portée. L’issue est un moment incertaine, puis la fraternité et l’amitié font pencher la balance en faveur de la poursuite de l’expérience. Les fruits en sont réels : 1. augmenter la capacité de chacun à discerner ce qui émerge là où il se trouve ; 2. maintenir des liens pour continuer à conduire ensemble de petites réalisations ; 3. Ne pas devenir indifférent à ce qui se fait et se vit de l’autre côté de la Méditerranée mais accepter de continuer d’être bousculé par l’autre rive ; 4. maintenir ou continuer à éveiller ensemble, chez les jésuites et dans nos sociétés, un intérêt pour la rencontre avec les musulmans.
- Quand la fraternité propose de s’élargir
Les années 2010-2015 vont être le théâtre de plusieurs évolutions marquantes. La première est l’élargissement du groupe à la Turquie, décidé en décembre 2011, réalisé en septembre 2012 avec l’arrivée d’un second membre du groupe à Ankara, où se tiendra en décembre 2013 la rencontre annuelle. C’est l’occasion de réaliser la proximité entre les missions en Algérie et en Turquie, où l’enjeu d’un christianisme local en langue autochtone est essentiel, au-delà de la différence de la langue et du contexte historique (absence de colonisation en Turquie notamment). Cet enjeu trouve son parallèle en Europe, où un enjeu majeur pour les diverses communautés musulmanes est l’invention d’un islam local (belge, espagnol, français…) à partir des divers islams importés.
Autre élément marquant de la période, la Région jésuite du Maghreb, devenue trop petite, perd son indépendance et discerne son rattachement apostolique à un ensemble plus grand, entre 2010 et 2013, tout en étant gérée directement par le Provincial de France pendant cette période. Finalement elle est rattachée en septembre 2013 à la Province du Proche Orient. Pour le groupe des Deux rives, c’est l’ouverture sur une quatrième rive, bien différente dans sa réalité, ouverture déjà entamée par la venue de jésuites de cette province pour un temps de formation au Maghreb et en Europe, mais aussi de membres des Deux rives en Egypte, Liban et Syrie.
Cette période marque aussi la réouverture d’une communauté jésuite au Maroc, non plus à Témara ou à Casablanca mais au nord, à Nador, sur une frontière migratoire importante. La question migratoire s’invite donc davantage au groupe des Deux rives qui fait sa rencontre annuelle à Nador en 2015. C’est de nouveau l’occasion de percevoir points communs et différences dans nos approches. Si l’accueil humain reste la priorité commune au Nord et au Sud, les réalités sont vraiment différentes entre pays de départ ou de transit et pays d’arrivée, le pays de transit pouvant aussi devenir pays d’arrivée.
Dernier événement de la période, la première rencontre de Jesuits among muslims en Afrique, au Sénégal en avril 2015. La rencontre est modeste, une douzaine de personnes au lieu de la cinquantaine habituelle, mais le groupe des Deux rives est bien représenté par quatre membres. C’est l’occasion d’élargir l’horizon vers le sud du Sahara, véritable frontière sud du Maghreb, qui coupe en deux le continent africain. L’influence ancienne de l’Afrique du Nord y est perceptible, à travers le commerce mais aussi la présence de l’islam. Cependant que la culture locale offre de découvrir un pays où les différences ethniques et religieuses semblent vécues de manière paisible et harmonieuse.
Au total, ces événements ont élargi dans toutes les directions, sauf peut-être vers le nord, les préoccupations du groupe.
- Quand la fraternité se fait servante
Au Maghreb, la jeunesse se sent bloquée dans son avenir, par l’absence de perspectives. Elle se désespère et se traîne dans l’attente d’un avenir meilleur, créant un mot pour dire cette situation : le « dégoûtage ». Consciente de cela, la Conférence épiscopale de la région nord de l’Afrique (CERNA) publie le 1er décembre 2014 une lettre pastorale : Serviteurs de l’espérance. Cette lettre fait suite à une première en 1979 Le sens de nos rencontres et une seconde en 2000 Les Eglises au Maghreb en l’an 2000. Elle veut signifier la mission de l’Eglise au Maghreb dans le contexte du moment. « Servir l’espérance dans le Maghreb aujourd’hui est à la fois un appel, un défi et une joie » est-il ainsi écrit dans l’introduction. La quatrième et dernière partie de la lettre situe cette mission dans la perspective mariale de la Visitation (nos Eglises visitent les pays du Maghreb comme Marie a visité sa cousine Elisabeth), au service de l’espérance d’une fraternité universelle.
Le 8 décembre 2018 est l’occasion de célébrer cette Visitation à Oran avec la Béatification de l’évêque Pierre Claverie et de ses 18 compagnons et compagnes, martyrs du plus grand amour. La cérémonie a été précédée le 7 décembre par une veillée qui a permis de faire parler les témoins d’hier et d’aujourd’hui, les premiers rappelant le chemin parcouru, les seconds dessinant l’avenir. Le matin du 8 décembre un accueil à la mosquée Ibn Badis a offert à nos hôtes algériens un moment de commémoration et de fraternité dans leurs locaux et selon leur tradition. La Béatification a lieu sur l’esplanade de Santa Cruz, récemment restaurée et inaugurée la veille sous le nom d’ « Esplanade du vivre ensemble en paix ». C’est un moment « magique » de fraternité qui célèbre la vie donnée pour autrui, en fidélité à l’amitié vécue au quotidien. Les 19 religieux et religieuses sont bien sûr mis en valeur, mais sur fond de leurs relations avec leurs voisins et amis musulmans. Ces relations sont signifiées par la présence, sur l’icône de la Béatification, de Mohamed, l’ami de Pierre Claverie, mort avec lui alors qu’ils rentraient ensemble de l’aéroport où Mohamed était allé chercher Pierre. Le sens de la mort de Mohamed est donné par la lecture de son testament en ouverture de la célébration. Il permet d’associer à la cérémonie les milliers de personnes qui ont donné leurs vies dans l’anonymat pendant les années 90 en Algérie.
Cette célébration a fait moins de bruit que les attentats du 11 septembre 2001. Elle a eu moins de retentissement que les manifestations de l’Etat islamique ou d’autres groupes armés se réclamant de l’islam. Elle témoigne, à sa manière, qu’une autre manière de vivre l’islam et de vivre avec les musulmans est possible et fait signe du côté de l’espérance. Dans la même veine nous pouvons citer l’institution du 25 mars au Liban comme fête nationale depuis 2010.
Cette coexistence d’événements dissonants ne date pas d’hier. La famille franciscaine vient ainsi de célébrer en 2019 le 8ème centenaire de la rencontre pacifique entre François d’Assise et le sultan Al-Malik Al-Kamil, à Damiette. En 2020, ce sera le 8ème centenaire du martyre de cinq frères mineurs à Marrakech, dans des circonstances moins heureuses, surtout avec notre regard d’aujourd’hui. En se rendant à Abou Dhabi et à Rabat en février et mars 2019, le pape François signifie qu’il faut poursuivre le dialogue, ici et là, au point où chacun se trouve. Le document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence humaine, signé à Abou Dhabi le 4 février 2019 par le pape François et l’iman Ahmad Al-Tayyeb d’Al-Azhar est un pas sur ce chemin, qui fait signe du côté de la fraternité. Le document commence d’ailleurs ainsi : « La foi amène le croyant à voir dans l’autre un frère à soutenir et à aimer. »
- Quand la fraternité se veut vraiment universelle
En 2010, Christian Salenson publie avec d’autres un petit livre Le Verbe s’est fait frère, reprenant l’expression de Christian de Chergé, prieur de Tibhirine, qui, approfondissant le mystère de Noël, ose cette formule inspirée du prologue de l’évangile de Jean : « Le Verbe s’est fait chair » (Jn 1,14). Comment est-il arrivé à cette expression ?
Elle s’enracine dans l’expérience vécue par les moines le 24 décembre 1993, au moment où les frères s’apprêtaient à fêter Noël et où ils ont reçu la visite d’un groupe armé. Christian de Chergé est appelé à négocier avec le chef du groupe et il y vit une expérience paradoxale de fraternité dans une rencontre de « visage à visage ». Gardien de ses frères comme prieur du monastère, il se découvre aussi gardien de ce frère là, en face de lui, gardien de l’humanité de ce frère qu’il ne peut réduire à l’homme armé qui se présente devant lui et dont il perçoit une autre dimension, surtout lorsqu’ayant appris que ce jour les moines allaient fêter Noël, il dit « Excusez-moi, je ne savais pas ».
En relisant l’événement avec sa communauté, Christian se demande quelle prière il peut faire désormais pour ce frère d’un soir. Il ne peut pas demander à Dieu de le tuer, mais il peut demander à Dieu de le désarmer. Et pour le demander vraiment, il sent qu’il doit aussi demander à Dieu de le désarmer lui-même. C’est ainsi que sa prière quotidienne devient : « Seigneur désarme-moi, désarme-nous, désarme-les ». Ce « les » recouvre tous les hommes armés engagés dans la lutte qui sévit alors en Algérie entre les forces de sécurité de l’Etat que les moines ont pris l’habitude d’appeler les « frères de la plaines » et les terroristes qu’ils appellent les « frères de la montagne ». A travers ce choix très simple ils signifient leur désir de fraternité avec tous, à la suite de Jésus à Noël.
En effet si la naissance de Jésus à Noël consacre la maternité de Marie sa mère, elle révèle aussi la Paternité de Dieu, Celui que Jésus appellera Abba, Père, celui qu’il invitera ses disciples à prier en disant Notre Père, qui est la prière chrétienne par excellence. Dans ce « Notre » est contenue la dimension fraternelle, que Christian a connue dans sa famille, qu’il connaît dans sa communauté, et qu’il se sent appelé à élargir vraiment à toute personne, jusqu’à ce frère d’un soir dont il s’est senti le gardien, à la manière dont Jésus s’est fait frère de tout être humain, en prenant chair.
La déclaration sur la Fraternité d’Abou Dhabi invite chrétiens et musulmans à adopter « la culture du dialogue comme chemin ; la collaboration commune comme conduite ; la connaissance réciproque comme méthode et critère ». Cette déclaration promeut la fraternité comme nouveau paradigme de la mission, à travers dialogue, collaboration et connaissance réciproque. L’accent est mis sur le développement de relations fraternelles sur fond de vivre ensemble. Chacun est invité à devenir une personne-pont entre les personnes qu’elle connaît, les communautés qu’elle fréquente, et c’est ce devenir-pont qui s’avère l’essentiel du travail missionnaire.
Ce n’est pas nouveau. Il y a plus d’un siècle Charles de Foucauld s’est voulu ainsi le frère universel à la suite de Jésus. Plus près de nous, la déclaration Nostra aetate du Concile de Vatican II l’affirme aussi, en particulier dans son dernier paragraphe qui a pour titre : « La fraternité universelle excluant toute discrimination » et dont la première phrase est « Nous ne pouvons invoquer Dieu, Père de tous les hommes, si nous refusons de nous conduire fraternellement envers certains des hommes créés à l’image de Dieu. »